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DELIRIUM
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15 mars 2008

fête des mers


                                                                      «La fête des mers»




                            « La femelle du poulpe n’a pas de porte-  jarretelles, c’est trop compliqué à mettre ! »
                               (J.Y Cousteau, éleveur de poulpe.)




         « La mer, qu’on voit danser, le long des golfes clairs, a des reflets d’argent… ».
Il n’y a malheureusement plus que les reflets qui soient d’argent !
        « La mer, qu’on voit sombrer, le long des golfes cimentés a des reflets visqueux ! »
     Après de longues années passées sans vacances, à travailler (un peu), à me gausser (beaucoup) de la vie exaltante, à force de platitude, de mes contemporains, j’avais décidé de me reposer quelques jours sur la côte, histoire de changer d’air, de tête et de voisins. Malgré mon inaptitude à me mélanger aux homos sapiens à la saison chaude, j’optais pour la Méditerranée. Le soleil, l’air marin, les filles à demi-nues aux seins bronzés et quelques avantages financiers concernant la location du studio, m’avaient conduit dans une région de la côte à la densité de population telle, que le métro de New York aux heures de pointe passerait pour le désert de Gobi.
     Je passais mon temps à me promener pédestrement, ce qui ne veux pas dire avec des hommes, lecteur pervers, dans des endroits peu riches en populo, ou à m’enrichir l’encéphale de quelques lectures intelligentes, assis sur le port aux heures chaudes, pendant que la masse aoûtienne s’oint avec soin de crème solaire et s’aligne sur le sable, un œil tourné vers la mer, l’autre pointé vers l’admirable cul de la voisine de plage, pour peu que cette dernière arbore un monokini trois tailles en dessous du format de son  féerique fessier rebondi. Car de nos jours, l’exhibitionnisme exacerbé prend le pas sur la plus élémentaire pudeur.
Ne t’imagine pas que je fais partie de ces faces de carême qui militent pour le retour de la crinoline sur les plages, mais une fille c’est comme une orange : j’aime l’éplucher avant de la déguster. Lorsqu’elle déboule dans ma vie déjà à poils, ça me coupe toutes mes envies.
Imagine une fille sortant de l’eau, vêtue uniquement d’un long tee shirt mouillé qui se colle à sa poitrine et lui moule les fesses, c’est pas bandant ça ? C’est pas mieux que si elle sort de l’eau à poils non ? Moi ça me provoque instantanément une raideur vergesque ( ça n’a rien à voir avec l’avocat). Un film érotique est autrement plus bandant qu’un porno, crois-moi. La simple suggestion de l’acte d’amour met en branle ton imagination.
La vision d’une grande actrice internationale  simulant l’amour est plus excitant que la vision d’une starlette de porno qui subit les assauts de 4 mâles montés comme des ânes. Le film érotique «Emmanuelle » m’émoustille davantage que «Pompe-moi le dard, t’auras du miel!», qui contrairement à ce que laisse supposer son titre, n’est pas un documentaire sur l’apiculture.
  Le hasard de mes promenades me conduisit un jour à suivre un petit chemin de terre, qui débouchait sur une crique déserte. Hé oui, déserte, car les bipèdes humanoïdes ne l’avaient pas encore souillé de leur présence, du moins le pensais-je, cachée qu’elle était par une petite colline verdoyante, malgré l’aridité de la région.
Je décidai d’y passer un peu de temps, assis sur le sable ingrat qui fait la particularité des plages du sud. Je contemplais le large, absent de toutes embarcations pollueuses de vision. Tandis que mon esprit se laissait aller à la rêverie, tout en regardant au loin les petites crêtes blanches formées par l’écume apparaître et disparaître au gré des flots, dans un silence à peine troublé par le cliquetis des vagues caressant quelques rochers épars, mon œil fut soudainement attiré par un reflet d’argent qui se dégageait de l’onde bleutée au gré des sacs et ressacs, à quelques mètres du rivage.
Intrigué, je me levais et m’approchais, mais il m’était impossible d’identifier l’origine de ce mystérieux scintillement argenté. Ne m’étant pas muni de mon nécessaire de bain, je reportais à plus tard l’investigation marine indispensable à l’identification de cet énigmatique  éclat. Sur le chemin du retour, je fis l’emplette d’un superbe caleçon de bain léopard à grille porte-burnes incorporée, d’un masque de plongée et d’un tuba.
Muni de ces indispensables accessoires de bain, je revins à la crique le lendemain. Elle était toujours aussi déserte, les lézards congépayistes s’étant brulés le recto au troisième degré la veille, ils se devaient à présent de s’occuper de leurs versos.
Je me déshabillais et me présentais face à la Méditerranée si riche de culture, d’histoire et de légendes, là où le chant des sirènes ne précède pas l’arrivée des bombes ou des tracts de propagande. Je priais tous les saints du ciel et d'ailleurs pour que mon caleçon léopard n’attirât pas un requin tigre de passage ou pire une huitre mangeuse d’homme. Avec mon matériel de plongée et mon slip léopard, je devais ressembler, de loin, à une créature hybride résultant de l’accouplement de Tarzan avec une grenouille.
J’avançais fébrilement vers les flots salés. Courageuses, les vagues me léchaient les pieds. L’eau me parut aussi glacée que le faciès hébété d’un fonctionnaire en exercice à qui on annonce que la pendule s’est arrêtée.
Réprimant un frisson, je m’avançais lentement jusqu’à ce que les vagues, après m’avoir léché les pieds, entrèrent en contact avec une partie de mon individu moins apte à supporter l’illusion glacée. Sous l’effet du froid, l’ensemble se rétracta et il me semble que j’aurais pu chanter la Traviata un ton au-dessus du plus haut des castras. Avec un courage extraordinaire, qui caractérise les sauvages asociaux mongoloïdes banlieusards, lorsqu’ils agressent à 5 une octogénaire paraplégique, je me jetais à l’eau.
Tous les poils de mon corps se dressèrent. Une femelle oursin nymphomane, croyant sans doute reconnaitre son compagnon de copulation épineuse, se précipita vers moi. Estimant qu’un oursin mâle digne de ce nom ne se baignerait pas en maillot léopard, elle s’aperçut de sa méprise juste au moment où ses épines allaient se ficher dans mon épiderme légèrement halé par les caresses et le chatouillement des rayons du soleil.
Je nageais jusqu’à l’endroit où m’était apparu le reflet d’argent. Je tentai une plongée, offrant ainsi la partie la moins noble de mon individu, cachée, il est vrai par l’épais tissu léopard, au ciel d’azur et aux rares mouettes qui planaient dans l’éther bleuté, en émettant des cris perçants, comme si elles ne pouvaient pas voleter en silence, ces connes !
Je remontais très vite. D’abord parce qu’il m’est très désagréable de respirer sous l’eau, ensuite parce que je crus être victime d’une hallucination. N’ayant pas consommé ces derniers temps de champignons psychédéliques, ni fumé d’herbe à bonheur précaire, je n’avais aucune raison de douter du bon fonctionnement de mes globes oculaires. Je replongeais pour en avoir le cœur net. Mes sens ne m’avaient pas abusé. D’ailleurs, j’interdis qu’on abuse de moi impunément. Le reflet d’argent résultait de  l’action lumineuse des rayons du soleil qui se reflétaient sur la poignée alluminisée d’un …lave vaisselles !
J’avais du mal à croire que les créatures qui peuplent nos mers furent à ce  point civilisées. Je ne pouvais me soumettre à l’idée que la femelle du hareng ait pu utiliser un tel appareil ménager, pour nettoyer amoureusement les hypothétiques couverts de sa progéniture, après avoir consommé un gratin de plancton, aux senteurs d’hydrocarbures.
C’est en continuant mes investigations alentours, que je me rendis, par mes propres moyens, à l’évidence : cette crique si paisible, si belle en apparence, servait en réalité de dépotoir.
Outre le lave vaisselles, je dénombrais
-350 préservatifs usagés
-2 non-usagers, que je récupérais au cas où 
-31 bouteilles de différentes matières, ayant contenu divers liquides alcoolisés
-2 enjoliveurs qui n’enjolivaient plus rien
-une botte gauche ayant sans doute appartenue à un unijambiste droitier, mais comme ça se vend par paire ces choses là, la gauche  y est allée de son bain de mer 
-un téléviseur de marque nipponne 51 cm écran plat, coins carrés, garanti 2 ans, sans la télécommande -un dentier en parfait état de marche
-un exemplaire de la collection Arlequin, corné à la page 12, ce qui démontre que les gens qui fréquentent nos plages sont des lecteurs intelligents 
-2 barils de lessive où il n’y a rien d’écrit
- et enfin un abris-bus tout neuf, qui aurait fait le bonheur de cette société de transport de bestiaux qu’est la RATP.
Je retournais m’assoir sur la plage, perplexe. Une question me hantait l’esprit. Quels sous produits de l’évolution avaient pu commettre un tel viol de la nature ? En y réfléchissant un peu, je me disais que ces braves cloportes devaient certainement être des gens respectables, allant d’un même pas alerte à l’église ou au bureau de vote, et qui fustigent, sous prétexte que ça pollue, les maîtres indélicats qui laissent leur canidé se soulager dans nos rues, souvent en face de chez moi, d’ailleurs.
L’humanité  (la vraie, pas le journal) m’effrayait un peu plus. L’homme est un loup pour la mer. Je repensais aux marées noires, englueuses de cormorans, aux dégazages, loin des côtes de manière à ne pas inquiéter les gentils touristes dépensiers cramoisis par le chaud soleil d’été, les paisibles cétacés souffrant de complications pulmonaires ou agonisant, le système digestif fragilisé par des sacs plastiques ingurgités, devant fuir chaque fois qu’un bateau battant pavillon japonais ou norvégien pointe le bout de son canon à l’horizon. Le jour où on organisera une chasse aux cons, j’ai bien peur qu’il n’y ait pas assez de harpons.
    Cet été là, la mer se vengea, en envoyant par milliers, des méduses aux tentacules urticants. Impossible de se baigner. Affolés par le manque à gagner provoqué par cette invasion tentaculaire, les hommes de la côte entreprirent de génocider ces intrus, mais rien n’y fit. Cette année là, les cnidaires triomphèrent par leur nombre. C’était cnidaires surprise, en quelque sorte.
Pour me rendre utile, j’arpentais les plages à la recherche des téméraires qui auraient bravé la baignade. Je leur proposais mes services en leur expliquant que seule l’urine pouvait atténuer la lancinante brulure provoquée par le contact des redoutables tentacules.
Je passais donc le reste de mes vacances à compisser magnanimement, et avec un plaisir non dissimulé, les gentils vacanciers. Quand on peut rendre service, faut pas se gêner. Je bus énormément de bière, durant cette semaine là, mais c’était pour la bonne cause.
    La liste des exactions commises par l’homme contre notre belle planète bleue, ne tiendrait pas dans tous les ouvrages de la bibliothèque nationale réunis. J’aurais pu parler des forêts, des pluies acides, des gaz ou des radiations rejetés par nos entreprises ultramodernes.
Dieu merci depuis un certain temps, on a des partis écolos , donc tout va très probablement s’améliorer d’ici peu. Avec Voynet et Mamére (pas ma mère, l’ancien animateur de JT), on peut dormir sur nos deux oreilles, dès qu’ils auront fini de nous faire rire, ils se mettront au travail. Voynet l’a encore déclaré l’autre jour : « L’avenir est tout vert ! ». Sur les deux oreilles, j’te dis…



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